Semaine de stage de tentative de remise à niveau de CP (6 ans)... Perso, cela vient déjà bien tard...

7 loulous (dont 2 récupérés à coup d'appel téléphonique, n'auriez-vous pas oublié votre engagement de faire venir votre enfant ?).

Des infos + ou - précises des maîtresses sur les problématiques. Mon constat à l'usage :

Des qui sont introvertis, et d'être en petit groupe avec une maîtresse top délire (mes chevilles ? pas mal ;-)) se permettent de faire et de réussir. Bon, pour eux, pas de gros soucis.

Des qui n'ont aucune compréhension de lien : entre l'écrit et le lu (j'entends BA dans BAlle, je frappe deux fois dans mes mains pour le dire, il y a donc 2 syllabes, je cherche la première syllabe dans le mot écrit... B ? BAlle ?, BA ??? ben pourqoui ?) , les histoires à épisodes (quoi, dans la nuit, il ne s'est rien passé de différent et ce qui a été lu hier est toujours écrit aujourd'hui  Ben pourquoi ?), la suite numérique (tiens après le 34 c'est le 35, ben pourquoi ,)... Je rame avec eux, mais pas dans le même sens...

ET, la cerise sur le gâteau Louloute puissance 2000. Age mentale : 3 ans. Acceptation de la contrainte : aucune. Moi, moi, moi, 3h/3, bouderie à toute contrariété (donc avec moi : all the time).

Hier grosse fatigue. Marre de dire sur différente puissance de ton (croissante avec l'avancement de la matinée) : As-tu la parole ? Peux-tu te lever et aller déranger bidule ? As-tu le droit de..., Non, NON, Stop STOP STOOOOOOOOOOPPPP.

Ce matin, mimi n'a pas la règle qui lui plait, la gomme qui lui plait, le crayon qui lui plait. En fait Mimi est devant un exercice de géométrie (reproduction dans un quadrillage) qu'elle croit ne pas savoir faire. Je ne peux pas m'occuper d'elle, je tente de faire comprendre que les lettres chantent les unes après les autres (de gauche à droite, mieux vaut le dire et montrer) et que si j'entends BA, quelque part il doit y avoir écrit BA. Donc, j'explique un peu fermemant à Mimi, qu'il faut qu'elle se débrouille, je viens la voir et l'aider dans 5 min. Je peux tailler mon crayon ? Viens me le montrer. Non, il n'en a pas besoin. 2 secondes plus tard : Il faut que je taille mon crayon, est cassé.

Effectivement la mine est cassée.

Alors la baffe, je la gère dans mon poing que je ne frappe pas sur la table. Tu vas dans le coin regroupement, tu prends un tapis, ET tu nous laisse travailler. Quand NOUS aurons fini, Je viendrai te voir. Mais maîtresse je suis pas fatiguée. Oui, mais c'est moi que tu fatigues. Mais. STOOPPP. Mimi y va, y râle, y fait semblant de pleurer, en revient, sous mon regard, mon doigt, mes onomatopées y retournent....

Moment suivant, jeux prévus (loto et oie sur les syllabes à trois lettres conso/conso/voyelle / conso/voyelle/conso. Elle en a plus que besoin. Une idée. Le conseil de classe (créé à la minute même) va décider. Mimi fait partie du conseil, nous sommes 8 toutes les voies se valent. Qui veut que Mimi revienne, qui refuse. 4 contre (elle nous embète, 2 pour : si elle est gentille, elle reste, Mimi pour, la maitresse se ralie au pour). Merde 4 contre 4...

Que faire. Mon introverti de service propose : elle vient avec les 3 pour et les 4 contre restent entre eux (je traduis parce que l'énonciation de la proposition a été un peu plus codée). Ok, on vote pour cette idée. Ouf, 3 contre, 5 pour. La suite s'est bien déroulée (sous mon oeil sévère). Petite remarque, quand elle lance le dé au jeu de l'oie, elle le dépose sur le 6... Jouer, jouer, on risque de perdre, quelle image cela donnerait de moi ?

La fin de la bafouille, si vous êtes encore là : après coup : un petit côté inquisition ce conseil... Cependant les voies étaient libres... Et si il y avait eu plus de contre que de pour ?...Je l'aurai envoyée dans la classe de l'autre maîtresse (qui tente aussi de dénoyer des CE1), avec du travail. Mais je crois que j'aurai eu mauvaise conscience.

A la sortie, j'ai demandé à Mimi d'expliquer à sa maman ce qui s'était passé. D'abord, elle ne s'en souvenait plus, puis elle n'en avait pas envie, à mon regard hostile, la mémoire et l'envie sont revenues. La maman (ouf) est d'accord avec moi. Mimi est capable mais ne sait pas se gérer (son angoisse peut-être, son envie de passer du bon temps plutôt que de se mettre un coup de pied aux fesses, c'est sûr).

Maintenant, imaginez que ce soit votre trésor qui soit passé au conseil de ses pairs, quel aurait été votre ressenti ? C'est ça que je voudrais savoir, en tant que parent, comment cette expérience pour votre enfant vous apparait ?

Je vous ai déjà fait le coup de la bouse et de la perle. Bis repetita today.

J'ai mis du temps, mais j'ai compris que le domaine 'vocabulaire' en français, n'accrochait que si les enfants prenaient la parole pour s'essayer. Ok, 20 loulous d'une capacité d'attention de 10 min, bordel assuré en 15 min.

Hop, différenciation nous voilà, par groupe de 4, on discute avec la maîtresse pendant 10 - 15 min (en fonction du bagage plus ou moins vide). Pendant ce temps, 16 loupiots à occuper pendant 45 min en autonomie, l'option démontage de classe ou d'élèves étant exclue. Donc, géométrie 'attractive' (bientôt le nombre d'or hihihihi), donc différencier en fonction des capacités de chacun (de tracer des droites sécantes à réaliser une figure en suivant un programme de construction). Temps de préparation : je ne compte pas (MAIS c'est du gain pour les années à venir !), ambiance de réalisation : d'enfer et pour moi (c'est aussi le but) et il me semble pour les monstros.

Champ sémantique, les étres vivants. Les fruits et les légumes sont triés, on empaquette l'affaire dans les végétaux, il y a déjà de la perte en ligne. On rattrappe tout le monde, on enchaine : autre catégorie d'êtres vivants ? ... Maligne comme un singe, dans les groupes je mets toujours un qui me rassure sur l'avenir de la France, en général la notion d'animal émerge. Et là, vas-y dans la liste à la Prévert. Tout le monde connait un nom d'animal, c'est le bonheur, on note à tout va, oups on y passerait la nuit quand survint la bouse :

- tarte à l'oignon.

Ok, arrêt pédagogique : on ne hurle pas au vu de la figure de l'élève : pas de foutage de gueule dans la démarche. Silence du groupe : les neurones sont en surchauffe. Hop, analysons la proposition tous ensemble. Là où je suis dubitative, c'est que malgré les explications des élèves (un peu enrobées par les miennes) je n'ai pas eu la conviction que l'élève s'est rendu compte qu'une tarte à l'oignon ne peut pas être un animal, car ce n'est de toutes les façons pas un être vivant.

Autre groupe, on arrive au lâcher des noms d'animaux et la perle :

- les humains.

On ne danse pas sur la table, on n'embrasse pas la petitoune ! On ne sourcille pas, on attend la réaction du groupe. Un temps de silence puis discussion. A priori, le doute s'est immiscé, je ne demande pas plus. Mais je vous explique la beauté de la perle.

Louloute vient en classe toujours tirée à 4 épingles : fleurs dans les cheveux, bagues à tous les doigts, collier de pacotille, robes par tous les temps. C'est mariage tous les jours. Elle parle de l'Algérie où elle fait du cheval sur la plage. Je rencontre une fois la mère : toute de noir vétue, qu'un visage de visible. Et c'est elle qui affirme contre vents et marées que l'homme est un animal. Yes, Yes, Yes.

Petite, moyennement informée des faits religieux, ma soeur et moi étions quand même solicitées pour être demoiselles d'honneur presque tous les ans (quand il n'y a pas de main d'oeuvre qualifiée...). Seul attrait de la chose : des robes de princesse. Mais, a contrario, des heures interminables dans des églises où il ne fallait pas piper mot.

Dans un demi-sommeil, j'entendais souvent Allez Louia. Mon esprit vif en avait déduit, qu'en latin (eh, oui tant qu'à faire, les bénédictions et messes étaient en latin), Dieu, c'était Louia, d'où les noms des rois capétiens, Louis ... Le verbe aller ayant été conservé dans toute son intégralité et irrégularité. Cela me semblait sympathique d'encourager Dieu, au même titre que les supporters de foot encouragent leurs équipes favorites.

Mes déductions ont été mises en défaut, il fallait inverser : Allé, c'était Dieu. Bon, bien essayé.

Les enfants actuellement sont bien plus astucieux que moi, ils ont compris le passif... Ils disent Allalouia...J'ai dû remettre les choses en place quand au terme inconvenant dans un établissement laïque (Vas-y, là, on traite pas, on peut pas dire ça ?). Terme (en pleine évolution) mais à connotation religieuse : c'est niet.

Par contre, je me le garde bien au chaud pour l'histoire des religions, n'y aurait-il pas des racines communes ?...

Petitoune, je me souviens du changement d'heure quand j'étais au CE2, chez mademoiselle Pelligrini. Un anglais était arrivé en cours d'année, ne parlant pas un mot de français. Il s'appelait Tim, immense, tout encombré de son corps à mon ressenti, tout encombré de paroles incomprises sans doute.

Le lundi matin suivant le changement, il est arrivé avec une heure de retard. Mademoiselle Pelligrini lui demande un truc du genre : 'tu as oublié de changer d'heure'. Hochement de la tête rouge tomate de Tim.

Je le regardai bouche bée, comment pouvait-on oublier ? Dans quelle famille vivait-il pour ne pas avoir un père qui dès potrominet réglait tout élément horaire à coup de téléphone à l'horloge parlante pour être bien sûr de ne pas avoir une seconde de trop ou de moins.

Ce week-end,

- en lisant l'article de La Baronne,

- en pensant à la Chouette qui s'y était prise une semaine à l'avance,

- en essayant de savoir si  cette montre, ce téléphone, cet ordinateur était à l'heure d'hiver ou d'été (bon, je l'avoue, j'ai deux montres : une réglée hiver, l'autre été)

j'ai rêvé : et si mardi, les élèves oubliaient ? venaient tous avec une heure de retard ?

Et là, l'ours a été miraculeux. Il a bien changé l'heure du réveil, réglé tout bien... mais pas remis la sonnerie.

7h55 : révéillés par la sonnette, le pote d'un ourson qui vient le chercher pour aller au collège...

Plus que 30 minutes pour être toute souriante devant les loulous... Début de journée un peu survolté !